[Si c’était à refaire] Psychologue à domicile

Peu répandue et pourtant particulièrement enrichissante, la pratique à domicile demande un cadre singulier. Bilan de cette expérience aussi passionnante qu’exigeante.

La richesse d’une pratique originale

Lorsque j’ai débuté mon activité libérale, ce mode d’exercice m’est apparu comme une évidence, car mon premier cabinet n’était pas aux normes PMR et certaines personnes qui me contactaient pour débuter une psychothérapie ne pouvaient se déplacer, ou mettre en place des téléconsultations.

Intervenir au domicile des patients est très riche cliniquement. Le professionnel a en effet accès à l’environnement du patient. Cela peut s’avérer particulièrement utile dans la prise en charge des mineurs par exemple (accès à la chambre, présence de la famille, jeux, etc…). Aller à domicile, c’est aussi rendre possible pour tous l’accès aux psychologues. Autre avantage, et pas des moindres : pas de loyer !

Une pratique insécurisante ?

Cependant, bien qu’il y ait des avantages conséquents, pratiquer à domicile peut s’avérer complexe. Au fur et à mesure du développement de mon activité, j’ai progressivement limité les séances chez les patients. En effet, au regard de ma brève expérience à domicile et après avoir recueilli les témoignages de psychologues exerçant de cette façon, nous pouvons mettre en lumière une certaine forme d’insécurité autant chez les praticiens, que chez les patients.

Le domicile du patient n’est pas toujours un lieu sécurisant pouvant devenir un espace thérapeutique ! Parfois même, cet endroit est marqué de traumatismes. Même si cela est le cas pour chaque nouvelle rencontre, lorsque la porte s’ouvre, nous ne savons pas forcément sur qui nous allons tomber ! D’où l’intérêt de travailler sur sa sécurité interne à travers un suivi psychothérapeutique et une supervision par exemple.

Une organisation trop contraignante

Ce qui m’a surtout rapidement décidée à drastiquement réduire les interventions à domicile est la fatigue. Je devais sans cesse calculer les itinéraires, inclure le temps de trajet dans le calcul du tarif des séances, me déplacer souvent dans un secteur certainement trop large, pour parfois me retourner face à une porte close !

Au-delà de la fatigue, l’agacement est venu me convaincre que ce mode d’exercice ne faisait plus sens pour moi. J’ai donc proposé les séances à domicile uniquement pour les personnes à mobilité réduite.

Si c’était à refaire : mes conseils

Il convient finalement à chaque psychologue de travailler sur sa posture pour définir son cadre et être en accord avec sa pratique. Les limites imposées par l’intervention à domicile m’ont permis de développer d’autres façon d’exercer : téléconsultation, horaire en soirée au cabinet, atelier de groupe… Cette expérience professionnelle aide également à renforcer les compétences d’adaptation et de flexibilité du praticien !

Voici mes conseils pour une pratique à domicile épanouissante :

  • Soigneusement définir son périmètre d’intervention pour limiter les temps de trajet ;
  • Prendre le temps d’évaluer la demande en amont, par téléphone idéalement ;
  • Travailler son cadre et sa posture grâce à la supervision par exemple ;
  • Rester à l’écoute de soi pour ne pas s’oublier dans une pratique qui peut vite devenir énergivore et chronophage.

Et vous, exercez-vous à domicile ? Quelles bonnes pratiques avez-vous à partager ?

Découvrez l’étude « La pratique de psychologue libéral au quotidien » qui rassemble l’ensemble des conseils de Danaë Holler (@_Holler_Danaë).

*La pratique à domicile désigne ici l’intervention d’un.e psychologue en libéral chez le patient. Cet article ne traite pas du psychologue travaillant en institution et intervenant en tant que salarié aux domiciles des usagers, ni du psychologue en libéral qui reçoit à son domicile personnel les patients.

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