Le jour où… j’ai vaincu le syndrome de l’imposteur

Il nous arrive à tous de ne pas nous sentir légitimes dans notre pratique. Vaincre ce sentiment n’est pas impossible ! Prendre du recul sur soi-même, sur sa pratique et échanger avec d’autres sont essentiels. 

 

Les origines du sentiment d’illégitimité

J’ai fait connaissance avec "l'imposteur'' lorsque je suis entrée en master 2 de psychologie. J’avais été sélectionnée pour intégrer cette deuxième et dernière année. J’avais alors été très surprise de constater l’injustice du processus qui laisse sur le carreau bon nombre d'étudiants qui ont un projet professionnel cohérent, des expériences enrichissantes, des formations complémentaires et des mentions à ne plus savoir qu’en faire… C’est donc véritablement à ce moment-là  que le syndrome de l’imposteur, ce sentiment d'illégitimité, s’est emparé de moi. 

 

J’estimais avoir toujours de la chance : la chance de réussir mes études, la chance de trouver un emploi rapidement, la chance d’avoir l’opportunité d’ouvrir un cabinet en libéral dès mon diplôme en poche… Mais je ressentais parfois que mes compétences, facultés et qualités en tant que professionnelle tombaient dans un puits sans fond quand j’estimais n’avoir aucun outil ou méthode pour accompagner les patients. 

 

Trop de formations tue les formations

L’une de mes « plus grosses » erreurs est d’avoir voulu combler mon soi-disant manque de compétences par énormément de formations ! EMDR, hypnose, méditation, art-thérapie : durant ma première année d’exercice, j’ai multiplié les formations sans pour autant me sentir comblée en tant que psychologue psychothérapeute. Si c’était à refaire, je prendrais le temps de me focaliser sur une seule, afin d’avoir le temps de bien digérer les apports théoriques et ainsi pouvoir mettre en pratique les nouvelles connaissances acquises. 

 

L’importance de la supervision et du suivi psychologique

Après quelques semaines d’exercices, j’ai rejoint un groupe d’intervision composé de psychologues de divers horizons. Cela m’a permis de questionner ma pratique. En parallèle, j’ai trouvé un superviseur pour m’accompagner dans mes difficultés face à certaines prises en charge. En groupe ou en individuel, il me semble important d’être accompagné dans sa pratique. Cela m’a aidé à prendre confiance en moi professionnellement et surtout m’autoriser à : dire non, ne pas savoir, ne pas pouvoir, etc…

 

Gardez aussi à l’esprit que les psychologues peuvent aussi avoir un suivi psychologique. Durant mes études, j’avais effectué une psychanalyse pendant 3 ans. Puis, curieuse de découvrir d’autres courants et approches, j’ai tourné mon regard vers d’autres techniques et méthodes comme l’art-thérapie et l’hypnose. Avant de m’y former, j’ai testé en tant que patiente ! 

 

Le libéral : la liberté et l’autonomie au service l’épanouissement professionnel

J’ai pu mettre de côté cette sensation d’illégitimité grâce à ce que je considère comme ma plus grande fierté et ma réussite : le développement de mon activité en libéral. Dès le début, je me suis sentie à ma juste place car cette façon d’exercer fait sens pour moi. Encore aujourd’hui, la diversité des fonctions du psychologue en libéral me permet de sentir que je suis solidement établie dans une pratique aussi enrichissante que divertissante ! Consultations au cabinet, téléconsultations depuis mon domicile, création de contenu sur les réseaux sociaux, rédaction d’articles, formations et supervisions sont autant de possibilités pour développer une pratique au gré des envies et possibilités… et pour laisser l’imposteur loin derrière soi.

 

Suivez les aventures en libéral (et pas que !) de Danaë Holler dans les colonnes de Doctolab :

Le jour où... le patient n'est pas venu à sa séance

Le jour où... j'ai fixé le tarif de mes consultations de psychologie

 Le jour où... je me suis installée en libéral

 

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Article courageux. C'est même le cœur du problème de la psychologie, à mon sens. La légitimité du thérapeute.

 

On ne m'enlèvera pas l'idée, partagée d'ailleurs par énormément de patients, que pour donner des grands "conseils de vie" il faut soi-même avoir un certain vécu, sur lequel on a soi-même bâti une certaine philosophie de vie. Je ne suis pas certain que le psychologue-type, c'est-à-dire une jeune femme issue d'un milieu citadin bourgeois et dont plus de la moitié de la vie d'adulte a consisté à fréquenter une fac de psychologie, soit effectivement très légitime à "questionner" (comme vous dites) le parcours d'une personne en souffrance ayant vécu des drames ou ayant une vision du monde inadaptée à son propre épanouissement.