S’installer en libéral représente une étape importante dans la vie d’un médecin généraliste. J’ai franchi le cap en m’associant avec des confrères et consoeurs qui ont la même conception du soin que moi et qui ont une pratique à la fois complémentaire et similaire à la mienne.
Oser se lancer en libéral
Le grand saut. Plonger dans l’univers inconnu et parfois incertain de l’activité libérale. Il m’a fallu quelques années avant d’oser me lancer dans cette aventure. À ma sortie de l’internat, j’ai commencé par des remplacements dans des cabinets, d’abord dans des zones très rurales, puis en ville. Un premier contact avec la vie libérale… des propositions d’installations que j’ai refusées. Je n’étais peut-être pas prête, je n’avais peut-être pas encore défini ce que je voulais faire de ma pratique, je n’avais peut-être pas encore rencontré les bonnes personnes avec qui y aller. Et puis j’avais aussi une belle opportunité salariée : intégrer une PMI.Quand la liberté du libéral vient à vous manquer
Je suis restée quatre années au sein de la même PMI, ce fût une incroyable expérience. J’ai adoré la relation que je pouvais prendre le temps de tisser avec les parents, tout le travail de prévention, les échanges, le tout dans une diversité culturelle incroyable : c’était tout ce que j’aimais dans le métier de médecin généraliste. Malgré tout, il me manquait un petit quelque chose. Il me manquait la liberté du libéral.Courant 2020, j’ai rencontré des collègues psychiatres. Je ne le savais pas encore, mais ils allaient bientôt devenir “mes” collègues ! Ils souhaitaient créer une maison de santé pluridisciplinaire. Quelques échanges entre nous ont suffi : nous avions la même conception de la prise en charge des patients, la même envie de travailler en coopération et une façon d’exercer complémentaire et similaire à la fois.
Un projet à monter et notre orientation à donner
Nous partions de zéro. Et c’était formidable : à nous de créer une maison de santé à notre image, à nous, dans l’intimité de nos bureaux, de créer une pratique sur-mesure. Puis j’ai aussi décidé de m’affirmer dans ma pratique. J’ai fait le choix d’aller vers un exercice de la médecine générale un peu différent, dans lequel il y a beaucoup de prévention et peu de biologie et d’urgence.Bien plus que des voisins de bureau
Voilà bientôt deux ans que je me suis installée avec mes collègues, notre maison s’est agrandie, notre pratique s’est enrichie. Nous sommes une bonne douzaine réunie sous le même toit désormais, et nous sommes fiers de pouvoir proposer une offre de soins et des prises en charge larges et variées. Je compte parmi mes collègues des psychiatres et des psychologues, une orthophoniste, une diététicienne, une infirmière puéricultrice, une addictologue, une psychomotricienne, une sexologue… Nous ne sommes pas des voisins de bureau. Nous coopérons pleinement, nous sommes en interaction permanente. Parfois autour de patients que nous avons en commun, d’autres fois autour de situations que nous estimons complexes et pour lesquelles nous avons besoin de l’avis de nos confrères. C’est très riche humainement, nos réunions formelles et nos échanges informels sont un plus autant pour moi que pour ma patientèle.Si vous êtes tentés par l’aventure libérale auprès de confrères, il me semble important :
de vous assurer que vous êtes bien sur la même longueur d’onde
- de définir votre projet de santé commun et la philosophie du lieu que vous allez créer
- de mettre en place des réunions et cadres d’échange réguliers que ce soit pour l’administratif mais aussi pour le partage entre pairs
Pour aller plus loin, écoutez le Dr Laure Geisler décrire sa pratique et son quotidien dans le podcast : Ils réinventent la médecine générale.