Le jour où… j’ai consulté à distance

La médecine à distance fait intégralement partie de mon exercice, et ce, depuis le premier jour. Téléconsultation, appareils connectés ont leur place dans mon cabinet et m’épaulent dans mon quotidien de généraliste.

La téléconsultation, une évidence

Je ne me suis jamais mise à la téléconsultation. Tout simplement parce que je n’ai pas eu besoin de “m’y mettre” : dès que j’ai commencé mon activité de médecin généraliste en libéral. J’ai en effet intégré la consultation à distance à ma pratique, assez naturellement, la pandémie m’ayant aidé à me lancer.

Je me suis installée dans une maison de santé pluriprofessionnelle au sortir des premières vagues de Covid-19, à la fin de l’année 2020. J’ai tout de suite proposé aux patients des téléconsultations, pour ne pas les faire se déplacer quand ils pouvaient l’éviter. D’abord pour des raisons sanitaires, puis pour des raisons pratiques : je pense à la mère de famille qui doit transporter tous ses enfants, ou bien au cadre aux horaires à rallonge. Bien sûr, si la problématique nécessite un examen clinique, je trouve un rendez-vous au cabinet pour l’après-midi même - on ne résout pas tout à distance, loin de là ! Côté patients, je suis toujours surprise de constater à quel point la téléconsultation est entrée dans les moeurs : je vois régulièrement en face de moi, de l’autre côté de l’écran, des personnes ultra-détendues, assises dans le canapé de leur salon et qui nous intègrent dans leur quotidien au moment de la téléconsultation.

Demain, un cabinet entièrement connecté ?

La consultation à distance n’est qu’un premier pas vers la médecine du futur. L’épidémie de Covid-19 nous a permis de mettre un pied dedans, mais ce n’est que le début de ce qui nous attend. J’imagine mon cabinet demain avec pas mal d’objets connectés, d’outils à distance qui me permettront de gagner en temps et en précision. Nous avons déjà à disposition, à la maison de santé, un ECG connecté. Je ne suis pas cardiologue, je connais mes limites et quand je vois un tracé douteux, je sais que je peux compter sur la lecture et l’analyse de mon confrère spécialiste de manière quasi instantanée : il suffit que je lui envoie les résultats en direct pour soit être rassurée - et rassurer mon patient - soit obtenir un rendez-vous rapide pour mon patient. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé il y a peu, lorsque mon ECG connecté a fait apparaître un microvoltage. J’étais inquiète, mon collègue cardiologue a dissipé mes doutes. C’est assez simple, le pose les éléctrodes, l’enregistrement de l’ecg est automatique, il atterrit dans mon logiciel médical. Puis à moi de l’envoyer via une plateforme 2.0 à mes collègues du centre de cardiologie.

L’humain au cœur de la médecine, aujourd’hui et demain

J’adore l’idée d’être connectée et de pouvoir pratiquer la médecine à distance. Pour autant, aussi perfectionnés et modernes sont et seront nos outils, jamais ils ne remplaceront le médecin et son feeling. Nous aurons toujours nos échanges lors de la prise de tension, ce moment où les langues se délient et pendant lequel on perçoit quelque chose qui n’avait pas été mentionné auparavant. Il y a souvent des réponses à nos questions dans les non-dits des patients. La façon dont ils passent la porte, s’assoient sur la table d’examen. Pas sûre qu’une machine puisse les détecter. Nous aurons peut-être une nouvelle façon de travailler sur la forme, mais pas sur le fond : la consultation restera une rencontre entre un soignant et un soigné.

Pour aller plus loin, écoutez le Dr Laure Geisler (@DrGEISLERLAURE ) décrire sa pratique et son quotidien dans le podcast : Ils réinventent la médecine générale .

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