[Carnet de bord] Mes 100 premiers jours en MSP : comment ma pratique de médecin généraliste a évolué

Depuis quelques mois, j’exerce en tant que médecin généraliste dans la nouvelle maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) que j’ai co-fondée à Saint-Herblain (44). D’un cabinet de deux médecins généralistes, je suis passé à une structure réunissant 22 professionnels de santé, médicaux et paramédicaux, sur 5 sites géographiques. Retour sur mes 100 premiers jours en MSP.

Des échanges interprofessionnels riches pour un parcours patient plus fluide

Être membre d’une MSP, c’est appartenir à une équipe avec la volonté d’exercer ensemble, autour d’un projet de santé commun. On apprend à se connaître en se côtoyant au travail, en réunion ou à la pause déjeuner. Les échanges interprofessionnels s’en trouvent facilités, qu’il s’agisse de mieux faire connaître son métier et les spécificités de sa pratique aux collègues, ou de partager son réseau de correspondants : connais-tu un kiné réalisant de la rééducation vestibulaire ? Un gastro-pédiatre ?

Ce que j’ai pu constater, c’est que la prise en charge de nos patients est plus fluide. Il y a quelques semaines, j’ai vu en consultation un patient pour une découverte de diabète décompensé. Avec ma collègue diabétologue, nous avons pu échanger directement sur la meilleure stratégie concernant sa prise en charge et initier son insulinothérapie.

Idem avec les paramédicaux. Les kinésithérapeutes nous partagent régulièrement les bilans des patients que nous leur adressons. Cela est très appréciable et m’aide parfois à mieux affiner un diagnostic ou orienter un patient (imagerie complémentaire, avis spécialisé).

Des réunions de concertations pluriprofessionnelles au service de cas patients complexes

En tant que maison de santé, nous avons mis en place des réunions de concertation pluriprofessionnelle (RCP). Une fois par mois, nous nous réunissons pour échanger autour d’une ou plusieurs situations complexes : difficultés liées au traitement, addiction, souffrance psychique, problématique sociale… Il s’agit d’envisager collectivement la meilleure stratégie de prise en charge du patient.

Dans mon précédent cabinet libéral, il m’arrivait bien sûr d’échanger avec ma collègue généraliste sur des situations qui me posaient un problème. Désormais, ces échanges sont formalisés avec une réunion dédiée et chaque situation discutée en RCP fait l’objet d’un compte-rendu avec rédaction d’une liste d’actions à mener. La présence de différentes professions, lors de ces réunions, élargit les perspectives de prise en charge grâce à la pluralité des points de vue.

Mieux connaître les autres métiers pour mieux orienter les patients

L’équipe de notre maison de santé inclut deux psychomotriciennes. Je dois reconnaître que ce fut l’occasion pour moi de découvrir ce métier que je connaissais mal, bien qu’il s’agisse d’une profession de santé sur prescription médicale ! Jusqu’à présent, mes prescriptions étaient surtout suggérées par l’orthophoniste ou l’école… Aussi, nos collègues nous ont-elles rédigé un document de présentation de leur profession avec les principales indications selon les âges de la vie (la psychomotricité ne s’adresse pas qu’aux enfants). Je me sens aujourd’hui mieux informé sur cette profession.

Autre exemple marquant : en échangeant avec ma collègue diététicienne-nutritionniste, j’ai réalisé que ses consultations ne sont pas du tout remboursées par l’assurance maladie, même pour les patients diabétiques en affection de longue durée (ALD). De même, j’ai pris conscience que les séances de soins chez un pédicure-podologue ne sont prises en charge que pour les patients diabétiques et que la part remboursée par l’assurance maladie, pour la réalisation de semelles orthopédiques, est très faible.

À nouvelles missions, nouvelles compétences, ou comment apprendre tous les jours en MSP

Aux côtés des consultations de médecine générale, ma pratique professionnelle s’est enrichie avec de nouvelles missions en tant que président de l’association qui porte la maison de santé, leader de la MSP et membre de plusieurs groupes de travail. L’occasion de développer de nouvelles compétences : gestion de projets, démarches administratives, communication au sein de l’équipe et à l’extérieur…

Parmi mes récents apprentissages : l’animation de réunions ! Aujourd’hui, l’ordre du jour est envoyé en amont à tous les membres de la MSP et la prochaine date est fixée en fin de réunion. Cela évite les réunions interminables et nous rend plus efficaces pour prendre les décisions et identifier les actions à mener. Ces nouvelles activités demandent un certain investissement, en énergie et en temps, mais c’est aussi très gratifiant de voir le projet (sur lequel nous avons travaillé de longs mois) se concrétiser et l’équipe se consolider.

Vous souhaitez, vous aussi, vous lancer dans l’aventure MSP ? Plongez-vous dans notre guide pratique « Prenez les clés de votre MSP » et découvrez les conseils du Dr Erik Bernard (@Dr_BERNARD_Erik) et de 3 autres médecins généralistes.

2 « J'aime »

Bonjour,
Ma crainte avec ce travail en MSP est la surcharge d’ activité inhérente à ce temps de coordination en plus des consultations patients !
Le travail en MSP vous a t il permis de diminuer votre n’ombres de consultations pas semaine ?
Merci
Dr Morin Cédric

Cher Confrère,

Merci pour votre message.

Soyons clair, l’exercice en MSP n’a pas fait diminué le nombre de consultations et de patients pris en charge par semaine !

En revanche, je trouve qu’exercer au sein d’une équipe pluriprofessionnelle facilite beaucoup notre pratique. Et l’ambiance de travail est très agréable au quotidien.
Je dirais qu’on ne travaille pas moins (ni plus) mais différemment.

Dans un prochain article (en cours de rédaction), je dresse justement le bilan de ma première année d’exercice en MSP :wink:

Erik BERNARD