Remboursement des séances de psychologie : MonPsy suscite le débat

Effectif depuis le 5 avril dernier, le dispositif MonPsy ne convainc pas les psychologues. En cause : le montant du remboursement et la nécessité d’un adressage par le généraliste.  Un sujet qui vous a fait réagir sur Doctolab.

 

MonPsy, un dispositif contesté

Le 5 avril dernier, le dispositif MonPsy est entré en vigueur. Depuis son annonce en septembre 2021, l’initiative suscite un vif débat, et peu de psychologues ont choisi d’y participer. Parmi les mesures les plus contestées : le montant du remboursement de la séance (40 € pour la première, 30 € pour les 7 suivantes), la durée de la séance et l’adressage par un médecin généraliste.

 

L’adressage par le médecin traitant débattu

Cette mesure a été au cœur de discussions entre psychologues et médecins généralistes membres de la Communauté Doctolib dans les jours qui ont suivi la mise en place du dispositif MonPsy, et a généré de riches échanges. “Pourquoi certains d’entre vous estiment que l’adressage par le médecin traitant est inutile ?”, s’interroge le docteur @RomainLoeffler, généraliste. Pour @RodaryJeanBapt, psychologue, les raisons sont nombreuses : Les psychologues sont mieux qualifiés que les généralistes pour évaluer l'état mental d'un patient. Les généralistes sont débordés. Pourquoi leur rajouter une charge? Les patients n'osent pas toujours se confier et on leur demande de tout déballer chez le généraliste pour avoir accès au psychologue. Exemple : raconter que vous avez été violé ou que vous vous scarifiez n'est pas évident. C'est donc un frein supplémentaire à la consultation psy qui a déjà tendance à traîner pour beaucoup de patients. Il y a un risque d'assujettissement des psychologues aux médecins. Les psychologues tiennent à leur autonomie de pratique”, énumère-t-il.

 

Deux professions qui collaborent déjà

@BERTFanny, elle aussi psychologue, n’est pas défavorable à l’orientation par le médecin généraliste. D’autant plus que les deux professions travaillent déjà ensemble. “Cela ne me dérange pas, mais ceux avec lesquels je travaille depuis des années ont bien rit quand je leur en ai parlé. Ils apprécient nos points sur les accompagnements et ne jugent pas nécessaire de recevoir un patient juste pour dire que oui il a besoin d'un psy… puisqu'en tant que psy, avec l'accord du patient, nous nous mettons en lien à chaque fois avec le médecin. Donc faire perdre le temps au médecin pour cette demande en amont est jugée risible par mes collègues”, raconte-t-elle.

 

Vers du “nomadisme de psychothérapie” ?

Le Dr Loeffler estime que les médecins généralistes ont toute leur place dans le parcours de soins d’un patient en souffrance psychique et en demande de soins. “Je crois que le rôle du médecin traitant est de connaître son patient dans toutes ses dimensions. C'est ce qu'on appelle parfois pompeusement la médecine holistique”, souligne-t-il. “Pour cela encore faut-il le voir lorsqu'il a un problème qu'il n'arrive plus à gérer seul. Nous avons un rôle médical à jouer, la prise en charge d'une souffrance psychique ne se limitant pas toujours à une psychothérapie (traitement psychotrope, arrêt de travail, prise en charge médico-sociale, etc.), et une souffrance psychique étant parfois secondaire à un trouble organique (certaines carences alimentaires, certains troubles du sommeil, etc.). Nous sommes complémentaires du psychothérapeute. Nous connaissons à la fois le patient et le réseau de soins environnant. Nous pouvons donc orienter d'emblée le patient vers le psychothérapeute qui nous semble le plus adapté. Combien de patients se découragent d'avoir enchaîné les "mauvais psy" ?”

 

Poursuivez les échanges en commentaires

Jean-Baptiste Rodary n’est pas d’accord avec cette dernière affirmation : “je crois que le risque de surconsommation et de nomadisme de psychothérapie ne va pas se produire, car la majorité des patients n'aime pas changer de psychologue et ont du mal à passer le pas de la 1ère consultation”, note-t-il. Et de poursuivre sa défense d’un accès direct aux psychologues : “il n'y a pas d'urgence à initier une psychothérapie mais la retarder d'un mois à cause d'une obligation de passer chez le médecin, c'est retarder le soulagement de la souffrance et parfois aggraver le patient”, explique-il. “Pour ma part, je me sens plus apte qu'un médecin généraliste pour évaluer de l'état mental d'un patient et faire des diagnostics psychiatriques. Les psychologues sont capables de détecter lorsqu’une consultation médicale doit avoir lieu. Il suffit de savoir évaluer le niveau de sévérité de la souffrance et d'évaluer le retentissement fonctionnel, et d'adresser en conséquence”, conclut-il.

 

Nous sommes curieux de connaître votre point de vue sur le sujet, partagez-le nous en commentaires ! 

 

5 « J'aime »

Bonjour,

Je suis conventionnée pour le dispositive monpsy.  C'est très compliqué de gérer les patients monpsy et ma patientele d'habitude car les personnes (monpsy) vont directement sur doctolib et réservent des créneaux.  Pourriez-vous nous aider ...trouver une solution?  Si non je vais devoir enlever mon profile de doctolib.

 

Merci,

 

Maura

 

 

Bonjour @ROBINMAURA 

Vous pouvez ajouter le motif normé "Consultation remboursée par l'Assurance maladie (dispositif MonPsy)" ainsi les patients MonPsy pourront réserver des créneaux dédiés et ne pas se mélanger avec les créneaux réservés à votre patientèle. Besoin d'aide pour ajouter un motif ?

 

Vous pouvez également ajouter la consigne normée "Dispositif MonPsy
Ce créneau est proposé exclusivement dans le cadre du dispositif MonPsy. Pour prendre ce rendez-vous, le patient doit être adressé par un médecin. La lettre d’adressage peut être partagée via Doctolib ou apportée le jour de la consultation. Plus d'informations sur le dispositif MonPsy sur [cette page](https://monpsy.sante.gouv.fr/patients)." afin de guider au mieux les patients.

 

J'espère que cela vous aura aidé, n'hésitez pas à me faire vos retours en commentaire.

Bonne journée 🙂 

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merci beaucoup...j'ai pu faire les modifications.

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Bonjour,

 

C'est bien dommage qu'il n'y ai pas plus de retours des mes confrères et consoeurs psychologue sur le dispositif MonPsy.

J'en ai fait parti et je m'en suis retirée au bout de 4 mois, pour différentes raisons.

D'une part j'étais la seule psychologue conventionnée de mon secteur géographique. J'ai donc très rapidement été en surcharge de rendez-vous.

La création de la catégorie Consultation remboursée par l'Assurance maladie (dispositif MonPsy) sur Doctolib était absolument inutile, car les patients ne sont pas discipliné. Lorsqu'il n'y avait plus de disponibilité dans cette catégorie, ils prenaient rdv sur les créneaux dédiés aux patients qui paient le consultation (créneaux d'1h et non de 30 minutes). 

 

Par ailleurs, l'adressage par le médecin traitant ne me semble pas pertinent car il y a une méconnaissance des maladies et troubles psy. La collaboration avec les médecins psychiatres me paraît plus pertinente. Ceux-ci peuvent nous transmettre un diagnostique précis ou confirmer une hypothèse diagnostique.

 

Par ailleurs, le dispositif MonPsy est limitatif. En effet, il y a des critères d'inclusion pour pouvoir en bénéficier en tant que patient. Or, la moitié des patients qui m'ont été adressés ne rentraient pas dans ces critères.

 

Evidemment la question de la rémunération est également un point important. Selon la région dans laquelle nous sommes installés, la tarification varie. En zone frontalière par exemple les charges sont bien plus importantes. Une consultation de 45-60 minutes à 30€ n'est absolument pas réaliste. Nous devrions être autorisés à faire un dépassement d'honoraire.

 

En espérant que se dispositif tende à évoluer dans les mois et années à venir. L'Allemagne et la Suisse sont en mesure de rembourser les soins à des tarifs respectueux du professionnel de la santé. Peut-être qu'en France nous y arriverons aussi un jour.

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