La crise de la Covid-19 a mis en lumière une réalité bien connue des professionnels de la santé mentale : tous les Français qui en ont besoin ne peuvent bénéficier d’un suivi adapté. Une prise en charge des séances de psychologie par l’Assurance Maladie permettrait-elle de faire évoluer la situation ? Plusieurs professionnels de terrain livrent leur point de vue dans l'étude “Vers un remboursement des consultations de psychologie ?”
Les Français en souffrance psychique
Les indicateurs pointent tous dans la même direction : les Français vont mal. Selon les derniers chiffres de l’étude CoviPrev, 20 % souffrent d’un état dépressif (+ 10 points par rapport au niveau hors épidémie), 21% se plaignent d’un état anxieux (+ 7,5 points), 65 % déclarent des problèmes de sommeil (+ 16 points). Au-delà des chiffres, sur le terrain, les psychologues font le même constat : de nombreux patients, déjà connus ou nouveaux, affluent et confient leur mal-être.
De 40 à 60 % des personnes prises en charge
La crise de la Covid-19 a affecté le moral des Français. Et mis en lumière une réalité que les professionnels de santé connaissent bien : tous ne peuvent bénéficier d’un suivi et d’une prise en charge adaptée. Selon un rapport de l’Institut Montaigne publié en décembre 2020, seules 40 à 60 % des personnes souffrant de troubles psychiques sont aujourd’hui prises en charge. Les raisons ? Le stigma autour de la santé mentale, les délais d’attente et l’absence de remboursement des consultations de psychologie, pointe le rapport.
Le remboursement des séances de psychologie, une clé pour la santé mentale ?
À l'heure où les besoins se font de plus en plus pressants, la prise en charge par l’Assurance Maladie des séances de psychologie représente-t-elle une clé pour un meilleur suivi de la santé mentale des Français ? “C’est une chose pour laquelle nous militons en tant que psychologues depuis très longtemps, confie Danaë Holler, psychologue à Paris. C’est effectivement une clé pour qu’enfin on puisse se saisir de l’importance de la prise en charge de la santé mentale. Toutefois, je considère que les conditions de remboursement proposées aujourd’hui ne sont pas suffisantes. Il y a encore du chemin à parcourir sur ce plan”.
Un niveau de prise en charge adéquat à trouver
Psychologue à Toulouse, Arthur Mary a participé à l’expérimentation mise en place par les pouvoirs publics en 2018 dans son département : le remboursement de séances de psychologie sous certaines conditions. “Les dix premières séances étaient remboursées à hauteur de 22 euros pour trente minutes (dans le cadre de ce que l’expérimentation appelait un 'accompagnement de soutien'), et les dix suivantes à 32 euros pour quarante-cinq minutes (que le test appelait 'thérapie structurée')... comme si les dix séances précédentes n’étaient pas structurées ni psychothérapiques, détaille-t-il, regrettant un niveau de remboursement ne lui semblant pas adéquat. Sur ces sommes, le psychologue devait bien sûr verser des impôts et des charges. Quelques-uns de mes collègues ont effectué une simulation de revenu sur cette base : le résultat tendait à indiquer que ce niveau de remboursement était insuffisant, en particulier pour les thérapeutes installés dans les villes à loyers élevés. En résumé, si cette expérimentation se pérennise, elle induira certainement une précarisation importante des psychologues pratiquants en libéral.”
Un guide à télécharger : “Vers un remboursement des consultations de psychologie ?”
Tandis que plusieurs institutions se sont prononcées en faveur d’une prise en charge, des discussions ont été engagées entre les organisations professionnelles et les pouvoirs publics. De premières mesures ont été annoncées ces derniers jours. Notre guide “Vers un remboursement des consultations de psychologie ?”, à télécharger dès maintenant, revient sur les dispositifs actuels et donne la parole à plusieurs psychologues.