Voilà des semaines que les professionnels de la santé mentale constatent les effets de l’épidémie de Covid-19 et des confinements sur la santé mentale des Français. Plusieurs d’entre eux - psychologues, psychiatres, médecins généralistes, nous ont confié leur vécu de cette situation inédite et la façon dont ils y font face.
Les impacts de l’épidémie sur la santé mentale
C’est un effet indésirable de l’épidémie de Covid-19 qui se fait de plus en plus ressentir au sein de la population française : le mal-être s’accroît. Depuis bientôt un an, les confinements, l’incertitude, les privations, l’isolement et toutes les autres conséquences de l’interminable crise sanitaire affectent la santé mentale de la population. États dépressifs, angoisse, stress, troubles de l’humeur, sommeil perturbé… Selon l’enquête CoviPrev menée par Santé Publique France, le niveau des états dépressifs a plus que doublé entre septembre et novembre 2020, atteignant le taux de 22,6 %.
De nouveaux patients dans les cabinets
Au-delà des indicateurs sur le papier, la souffrance psychologique est aussi visible au sein des cabinets des professionnels intervenant dans le champ de la santé mentale, psychologues, psychiatres et médecins généralistes. Depuis plusieurs semaines, ils constatent au quotidien les impacts délétères de la crise sanitaire sur leurs patients habituels et sur de nouveaux patients, qui franchissent parfois pour la première fois le cap de la consultation. “La Covid-19 a mis en lumière beaucoup de choses autour de la santé mentale. Du négatif, en déclenchant des traumas. Mais aussi du positif, en déclenchant une prise de conscience”, indique Danaë Holler, psychologue clinicienne à Paris, qui a vu arriver de nouveaux patients à la fin de l’été dernier. “Pendant le confinement, le stress était tel que plus de personnes ont décidé d’aller au-delà de leur peur de la consultation chez le psychiatre, confirme le Dr Romain Padovani, psychiatre au Tampon (La Réunion) et membre Pionnier de la Communauté Doctolib. J’ai reçu de nouveaux patients, leur maladie a été déclenchée par le stress. Il peut s’agir de troubles anxieux, de troubles de l’humeur, de troubles dépressifs. Le confinement, l’épidémie, sont des facteurs de stress. Et c’est bien ce stress qui a pu déclencher ces troubles”, ajoute-t-il.
Chez le généraliste, un mal-être exprimé au cours de consultations “banales”
“J’ai vu arriver de nouveaux profils, peu habituels, des gens qu’on ne voyait pas auparavant”, indique le docteur Jean-François Costemale-Lacoste, psychiatre à Lyon. Dans les cabinets des médecins généralistes, les motifs de consultation n’ont pas vraiment changé. La souffrance psychique s’exprime au détour d’un rendez-vous sur un tout autre sujet. “Au cours d’une consultation pour un problème de santé physique, les patients me font part de leur lassitude et de leur anxiété. C’est à ce moment-là que je constate les impacts d’une crise qui est loin d’être terminée”, constate le docteur Frédéric Zbar, médecin généraliste à Cormeilles-en-Parisis. Il y a les maux psychiques, clairement exprimés ou évoqués à demi-mots - troubles de l’humeur, états dépressifs, stress, addictions… - et les maux physiques. “Je vois aussi des eczémas, des psoriasis, des pertes de cheveux apparaître chez des patients qui en étaient exempts. Je ne sais pas si c’est lié à l’épidémie, au stress, mais je vois tout cela”, témoigne le Dr Zbar.
Prendre en charge les patients… et soi-même
Face à une crise épidémique et une crise de la santé mentale inédites, comment agir ? Comment prendre en charge au mieux les patients, tout en prenant aussi soin de soi ? D’après un sondage réalisé par Doctolib en décembre 2020, un tiers des psychologues ne se sentent pas suffisamment armés et ont pu éprouver un certain mal-être eux aussi.
“L'écosystème est à la fois un canal d’apprentissage multiple et un facteur de résilience. Dans la crise actuelle qui intervient dans un contexte qui était déjà volatile et accéléré, il n’a jamais été aussi important de construire un maillage professionnel dynamique et qualitatif pour contribuer de façon optimale dans la santé mentale. Il est devenu essentiel d’exercer dans un écosystème où nous pouvons facilement échanger sur notre pratique, apprendre et nous situer par rapport à la clinique d’autres professionnels de santé ou de contextes culturels différents, avec des acteurs ayant différentes formations et de grilles de lecture”, indique Caroline Delannoy, psychologue clinicienne à Paris et membre du Comité médical de Doctolib.
Une étude et une rediffusion : la santé mentale au cœur des préoccupations
Les solutions mises en place par vos confrères, leur vécu des derniers mois : six professionnels intervenant dans le champ de la santé mentale le détaillent dans l'étude “Santé mentale des Français : psychologues, psychiatres et médecins généralistes mobilisés”. Les résultats du sondage exclusif mené par Doctolib auprès de 370 psychologues en décembre 2020 y sont également présentés et éclairés.
Dans cette étude, vous trouverez :
- des analyses sur les impacts de la crise sanitaire à court et long terme ;
- des solutions pour lever le stigma de la santé mentale ;
- des conseils de vos confrères pour vous aider à surmonter cette crise.