Bonjour,
Je trouve les propos de mes confrères très représentatifs et je vais moi même rajouter ce qui me semble plus qu'important :
- le dispositif actuel est trop restrictif pour la population. Mon métier ne l'est pas, j'accompagne les patients en fonction de leur problématique et de mon champ de compétences (en fonction du BAC + 5 et pour ma part des 3000 euros de formations que je me finance chaque année minimum). Cela me permet d'orienter consciemment le patient vers le pro du réseau dont je dispose qui me semble le plus adapté. Les psychologues peuvent prendre en charges un champ large de problématiques et souffrances psychique mais je fais le choix de me former et me spécifier.
Peu de personnes pourront rentrer dans le dispositif et s'ils arrivent jusqu'à moi et que je suis amené à le réorienter et bien il sortira du dipositif car il n'a pas le choix de son professionnel. Dans ma pratique dès le premier rendez vous je nomme que j'ai beau avoir la compétence si la personne ne se sent pas à l'aise (et chacun de nous à dans sa vie rencontrée des personnes avec qui il n'y a pas le feeling et on ne sait pas pourquoi) il est important pour lui de se sentir en sécurité pour demander le changement de professionnel.... ce que le dispositif ne permet pas.
Je suis pour une reconnaissance de la souffrance psychique à travers un remboursement de consultation avec un dépassement d'honoraire pour 100% de la population et une possibilité de changement de professionnels pour l'orientation vers le psychologue adapté au patient. Depuis toujours nous orientons vers les professionnels libéraux médicaux ou paramédicaux, vers les dispositifs hospitaliers, vers les cliniques et cela n'est pas amené à changer.
- La question finalement revient à se demander pourquoi l'état ne recrute pas sur des salaires adaptés aux diplômes et à l'ancienneté dans les dispositifs de fonctions publique (CMP, CMPP, ...), où même les psychiatres désertent ce qui entrainent des fermetures de structures grandement nécessaires. On se retrouve en libéral à suivre des personnes qui relèvent de ces structures et ce n'est pas adaptés au mieux.. tout ca parce que la liste d'attente est trop importante. L'enjeu actuel est de pouvoir pour l'état proposer un autre lieu de consultations car il ne semble plus pouvoir le faire dans ses structures où peu de personnes souhaitent exercer (manque de formations, liste d'attente trop importante, plus de possibilité de gérer des priorisation de patients...). peut etre que s'ils redéployaient des salaires et des formations adaptés dans ces lieux là où finalement le dispositif de travail en équipe est aussi facilité cela serait une jolie piste à suivre.
- La question du revenu du psychologue est souvent tabou ce que je trouve dommage.
En effet j'ai fais un choix de formation BAC + 5 et des formations continues pour trouver un emploi passion mais dans lequel je n'aurai pas de retraite (ne nous voilons pas la face), où les congés ne sont pas rémunérés, où les charges de l'état sont conséquentes ( et bizarrement j'ai pas l'impression qu'elles se réduisent avec le temps) et les charges du cabinet tout aussi (d'autant plus pour les personnes installés sur certains secteurs). Mon choix de métier et de formation est en adéquation avec un salaire que j'avais envisagé avant de commencer l'université. Dans ce sens sans travailler plus pour gagner moins et compenser la défaillance du système public ne me vend pas du rêve et n'est pas une réponse pour les français qui ont besoins. Je ne vais pas réaliser moins de formations ou recevoir plus de patients pour avoir le même salaire ou fournir un suivi de moins bonne qualité.
Actuellement je consulte à 55 euros de l'heure. l'état me prend déjà quasi 50%. Les charges (cabinet, formation, assurance, matériel, tests, abonnements, renouvellement jeux et équipements, supervision, intervision) encore une bonne partie... Au final pour 55 euros de l'heure après imposition il me reste moins de 11 euros de l'heure pour financer ma vie perso, mes congés, ma retraite.. et bien sur dans ce décompte financer je ne vous parle pas de la demi journée de téléphone pour répondre aux échanges des patients, du travail de secrétariat (contrairement au médecin je n'ai pas les moyens de financer une secrétaire pour la gestion de l'agenda et des appels) et l'autre demi journée de rédaction de bilan (test de QI= 11 pages, diagnostic adulte TSA sans DI= 35 pages,) ou encore les participations aux équipes éducatives (qui avec le déplacement supprime une demi journée de libéral toutes les deux semaines).
Pour résumé :
- réinvestir des moyens dans la fonction public
- oui au remboursement des soins psy mais sans distinctions. Pourquoi accompagnons nous aujourd'hui toute personne en ayant besoin ? .... et pas demain?? je serai toujours compétente voire bien plus...
- L'orientation du généraliste ne me dérange pas mais ceux avec lesquels je travaille depuis des années ont bien rit quand je leur en ai parlé. Ils apprécient nos points sur les accompagnements et ne jugent pas nécessaire de recevoir un patient juste pour dire que oui il a besoin d'un psy...puisqu'en tant que psy avec l'accord du patient nous nous mettons en lien à chaque fois avec le médecin. Donc faire perdre le temps au médecin pour cette demande en amont est jugée risible par mes collègues.
- Rebroussement oui, mais dans des conditions ou tous peuvent vivre de leur métier. Donc dépassement d'honoraires...Un psychologue à Paris et un autre dans la creuse n'aura pas nécessairement besoin du même dépassement pour faire fonctionner son cabinet et ne pas mettre la clé sous la porte...
Les quelques psychologues que j'ai contacté du dispositifs sont souvent des personnes nouvellement installées qui n'ont pas anticipé la réalité des prélèvements de l'état sur l'encaissement et qui n'ont pas encore la réalité du salaire de fin de mois et qui souhaitent obtenir une visibilité importante pour des nouveaux patients.
A voir dans les mois à venir...