Le jour où… je suis devenue médecin

Les rencontres que j’ai pu faire, les expériences personnelles et professionnelles ont toutes eu un rôle déterminant dans la façon dont j’exerce aujourd’hui mon métier de généraliste.

 

Une vocation née d’un accident domestique

Une vocation peut se nicher dans de bien curieux endroits. La mienne est apparue… dans une petite tranche de saucisson. Je devais avoir à peine plus de 8 ans lorsque, à table, je me suis étouffée avec un morceau de charcuterie que je n’avais pas assez mâché. J’ai fait une fausse route. Mon père n’a pas réfléchi : il s’est précipité vers moi. Il m’a sauvé la vie. Ce n’était pas, à proprement parler, les gestes qui sauvent, il ne les connaissait pas. Sa réactivité et son sang-froid ont été déterminants. 

 

Cet épisode m’a marqué à tout jamais. D’abord, parce que ce jour-là, j’ai failli mourir. Ensuite, parce que ce jour-là, j’ai su que je voulais devenir médecin. J’ai su que je voulais aider, diffuser au plus grand nombre les connaissances et les gestes qui sauvent - typiquement, ceux qui empêchent de mourir d’une fausse route ou d’étouffement. Dès que j’ai pu, quelques années plus tard, je passais mon brevet de secouriste.

 

Sensibilisée très tôt à l’importance de la prévention

Je le constate tous les jours dans mon quotidien de médecin : on peut avoir des accidents à tout moment, on peut avoir une maladie qui nous tombe dessus ou qui va toucher l’un de nos proches. Le fait d’en avoir été consciente très tôt a sans doute influencé la façon dont j’exerce aujourd’hui mon métier, que j’ai beaucoup axé autour de la prévention.

 

C’était donc décidé à mes 8 ans : je serai médecin. Très bien. Mais quel médecin ? J’ai d’abord songé à l’humanitaire. Finalement, c’est mon médecin de famille qui m'a fait changer de perspective. À son contact, j’ai découvert le rôle de référent que peut avoir un médecin auprès des parents et de leurs enfants, l’importance de son accompagnement. C’était exactement ce que je voulais faire ! 

 

Comment et où exercer la médecine générale ?

Diplômée de la fac de médecine, j’ai donc naturellement commencé ma carrière en faisant des remplacements de médecine générale en zone très rurale. C’était ce que je voulais… mais je me suis vite rendue compte qu’exercer à distance des hôpitaux, dans des endroits isolés, ne me correspondait pas. Il me fallait une activité moins “aventurière”, moins médecine d’urgence. Une activité qui m’offre plus de temps pour échanger avec le patient, explorer sa psychologie, travailler en amont, prévenir plutôt que guérir. 

 

Le déclic - encore un ! - a eu lieu quand j’ai commencé à travailler en PMI. Ce fut une révélation : j’exerçais comme j’aimais, en prenant du temps pour échanger avec les patients, en les accompagnant dans leur parentalité, en insistant sur des conseils de prévention. 

 

Saisir les opportunités et construire sa pratique

J’ai vécu quatre très belles années en PMI. Jusqu’à ce qu’un nouveau très beau projet se présente à moi : l’opportunité d’ouvrir une maison de santé avec des professionnels de santé aux spécialités et approches différentes et complémentaires de la mienne. L’opportunité, aussi, de me construire un exercice sur-mesure, nourri de tout ce que j’aime dans la médecine et de tout ce que j’ai appris au cours de mes précédentes expériences. Une opportunité que j’ai très vite saisie…

 

S’il y a une chose à retenir de mon parcours et à transmettre, c’est de se trouver et de tenter. Toucher à tout pour savoir ce que l’on veut faire et bâtir une pratique qui nous ressemble et nous permette d’être épanouie. 

 


Pour aller plus loin, écoutez le Dr Laure Geisler décrire sa pratique et son quotidien dans le podcast Ils réinventent la médecine générale : 

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