S’installer dans son propre cabinet représente une étape importante, quand on est kiné. Cette nouvelle porte professionnelle, je l’ai franchie en ouvrant celle de mon premier cabinet qui correspond bien à ma pratique. Retour sur cette aventure.
Du changement… pour longtemps !
Ma première installation, c’est d’abord une histoire d’envie : étant déjà libéral (collaborateur) depuis plusieurs années mais pas dans mon propre cabinet, je ressentais le besoin de changement dans ma pratique. Une de mes anciennes collègues était dans le même cas : nous avions l’impression d’avoir fait le tour du cabinet dans lequel nous étions, et nous n’y envisagions pas de perspectives futures. Ainsi, nous avons voulu créer ensemble notre propre cabinet, afin d’exercer dans des conditions qui nous ressemblent.
Le premier défi, et le plus important à mes yeux, fut logiquement de trouver un lieu. Afin d’offrir à nos patients - en plus des séances - un temps pour réaliser les exercices au cabinet, mais aussi pour avoir un confort de travail supérieur à celui que nous avions précédemment, nous avons cherché un endroit permettant la mise en place d’un plateau technique conséquent. Notre pratique nécessite en effet de l’espace, ce dont nous ne disposions pas auparavant. Le choix du local a également été conditionné par le prix des travaux, et le type de bail. C’était l’étape la plus compliquée, je dirais.
Local à trouver, matériel à ne pas négliger
Une fois le lieu trouvé, il a fallu imaginer le nombre de kinés nécessaires au projet afin de fournir les meilleures conditions de travail à nos collaborateurs tout en assurant une viabilité financière. Enfin, nous avons dû choisir le matériel sur lequel investir. Nous avions déjà des idées très claires sur le sujet, grâce à nos expériences respectives et à notre vision commune. Tout cela réalisé, nous sommes retournés voir la banque afin de contracter des prêts pour la réalisation de notre projet… Sans oublier de créer notre SCM (Société Civile de Moyens) !
Les clés du local en poche, les travaux ont commencé. Même si, dans le but de minimiser les risques liés à des travaux importants, nous avions privilégié un local avec peu de choses à refaire : ce local venait d’être refait à neuf, nous avions juste quelques modifications de cloisons et poses de sols à effectuer. Nous sommes ensuite passés à l’étape de réception du matériel commandé et là, nous avons connu nos principaux problèmes. Aucune livraison importante ne s'est déroulée comme prévue… Faire accéder les appareils de musculation dans le local était, par exemple, compliqué. Nous avions anticipé beaucoup de monde à la réception pour faciliter le déménagement, mais un jour, personne n’est venu et nous avons donc dû nous débrouiller à trois avec des appareils aussi lourds qu’encombrants !
Visibilité en ligne, dans l’ordre des choses
En parallèle, nous devions aussi refaire toutes les démarches administratives. Auprès de l’ARS (Agence Régionale de Santé), du conseil de l’Ordre, de l’Assurance Maladie… En plus, nous avons souscrit à un logiciel métier car nous voulions que le cabinet puisse s’ouvrir très rapidement chaque matin et soit simple à quitter chaque soir. À l’époque, nous souhaitions fuir les réseaux internes pour s’éviter des bug informatiques récurrents que nous avions observés sur nos anciens lieux de travail. Nous cherchions un logiciel en ligne, comme l’agenda Doctolib.
Concernant la patientèle, nous avons dans un premier temps optimisé notre agenda Doctolib afin d’être le plus visibles sur internet. Au début, nous n’étions que deux et notre planning a été rempli très rapidement. Mais nous avons réussi à être opérationnels dans le timing espéré, même si nous continuions à travailler dans notre ancien cabinet afin d’honorer nos engagements et pour avoir encore un minimum de rentrées d’argent.
Quelques pièges à éviter, beaucoup de conseils à partager
Pour résumer, voilà les conseils que je donnerais à un kiné qui souhaite ouvrir son cabinet :
- en cas de projet collectif, s’assurer d’une vision commune et des qualités ou plus-values de chaque associé ;
- imaginer et projeter un business-plan viable, en assurant une marge d’erreur ;
- commencer progressivement le nouveau projet, en conservant des revenus externes ;
- apporter un dossier complet à la banque, afin de se montrer convaincant directement et ne pas perdre de temps ;
- trouver un local accessible, avec des conditions locatives dignes ;
- s’entourer de personnes compétentes dans les domaines où nos compétences sont limitées, comme un spécialiste immobilier ;
- assurer sa visibilité pour la patientèle, notamment en ligne.
Plus globalement, je pense qu’il faut faire particulièrement attention aux pièges suivants :
- éviter les bails à rallonge ;
- ne pas compter sur la ponctualité des livraisons ;
- s’assurer de l'accessibilité du local, pour l'installation et pour les personnes à mobilité réduite ;
- ne pas anticiper les pertes d’usages, et introduire les charges cachées.
Si c'était à refaire, j’y retournerai sans hésiter… en minimisant moins l’investissement personnel et financier considérable que cela engendre : s’installer demande bien davantage de travail que d’être collaborateur, mais l’aventure est formidable à vivre !
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