
Lundi 9 novembre 2020, le docteur Guillaume Labeille et ses confrères médecins généralistes ont ouvert les portes de leur Maison de santé pluridisciplinaire (MSP) à Lyon, dans le 7e arrondissement. À la veille de l’inauguration, le docteur Labeille revient sur ce projet qui l’occupe depuis près de 2 ans.
Qui sont les occupants de votre MSP ?
Nous sommes quatre médecins généralistes et une pédicure-podologue dans le bâtiment principal. Notre maison de santé est multisite, il y a trois infirmiers libéraux dans un local à 50 mètres de là. Et à terme, dans des locaux qui sont immédiatement à côté de notre bâtiment socle, nous aimerions que des kinés nous rejoignent. Pour l’instant, nous n’arrivons pas à recruter, alors que nous sommes dans une zone où la demande en soins de kiné est grande. Peut-être que nous allons nous tourner vers d’autres paramédicaux, orthophonistes, psychologues, voyons ce qui est faisable. Le fait d’ouvrir devrait attirer des professionnels.
Dans le reste de l’équipe, il y a également une coordinatrice de la maison de santé, qui est l’une des trois infirmières libérales, et une secrétaire médicale. Nous nous interrogeons d’ailleurs sur son statut : est-ce qu’on l’embauche au titre de secrétaire médicale ou au titre d’assistante médicale ? Le statut d’assistant médical est en cours de création, il y a une volonté politique de créer ce nouveau métier intermédiaire de santé qui permet de soulager les médecins en leur faisant gagner du temps médical et administratif.
Comment peut vous épauler un assistant médical ?
Ce n’est pas forcément aux seuls médecins de délivrer les arrêts de travail, de demander des protocoles de 100 %. De même, prendre la tension ou peser les patients sont des actes qui peuvent être faits par d’autres que le médecin. Le dispositif de l’assistant médical, en cours de création, est encore assez souple : la formation, la compétence, les tâches qui incombent à l’assistant médical n’ont pas encore été définies précisément. C’est vraiment intéressant dans la pratique, surtout sur la partie administrative : lui confier les prolongations d’arrêt de travail, les prescriptions de soins infirmiers, relancer les patients, par exemple les femmes de 50 à 74 ans qui n’ont pas eu de mammographie… Ce serait super bien ! Dans le cabinet où j’exerçais jusque-là, il y avait une salle de soin et trois bureaux médicaux. Les deux médecins présents pouvaient tourner sur les bureaux et la secrétaire pouvait être amenée à préparer le début de la consultation. L’embauche d’un assistant médical permet en plus de bénéficier d’un soutien financier de la CPAM.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de monter une MSP ?
J’ai été remplaçant pendant 4 ans et demi. J’ai ensuite été collaborateur pendant 4 ans. Dans le dernier cabinet où j’exerçais, il existait des dysfonctionnements induits par l’absence d’esprit d’équipe, sans véritable espoir d’amélioration. Fin 2018, rien ne bougeait, c’était difficile pour moi en termes de confort de travail. J’ai compris que ça n’allait pas dans le bon sens. Il fallait que je change. J'ai discuté avec d’autres jeunes médecins généralistes qui exerçaient dans des MSP - il y en a 3, dans le 7e arrondissement de Lyon, où je suis installé. J’ai rencontré des professionnels du même âge, avec le même état d’esprit et avec qui j’ai beaucoup d’atomes crochus. Je suis allé à une inauguration d’une MSP, on m’a fait rencontrer une équipe qui était à un stade de réflexion, de début de prospection immobilière. Trois personnalités qui se ressemblent et qui s’entendent bien. Ils cherchaient un lieu. Je les ai rejoint, les choses se sont concrétisées, on a essayé de réfléchir plus efficacement. Nous avons fait des visites. Il n’y a pas beaucoup de locaux de grande taille dans le quartier, tout est en construction : 6 000 patients vont arriver dans les années qui viennent ! Nous avons fini par trouver un lieu, moins grand que ce qu’on voulait : 172 m², alors que nous imaginions un local entre 200 et 300 m², pour avoir une équipe d’une dizaine de personnes.
Combien de temps tout cela vous a pris ?
Nous avons mis 2 ans à concrétiser le projet. 2 ans, mais avec 6 mois de Covid et une copropriété très exigeante, nécessitant de réaliser trois déclarations auprès de l’urbanisme… Nous devions ouvrir initialement en mars 2020.
Avez-vous reçu le label “MSP” ?
Notre projet reste pour l’instant un “projet de santé”. Il y a toute la volonté de notre part et toutes les chances pour que l’on soit reconnu MSP. On remplit tous les critères, on est motivés, on a envie de recevoir des étudiants, de travailler de manière coordonnée. C’est vraiment le même état d’esprit, avec les infirmières aussi.
Allez-vous retrouver les patients que vous suivez actuellement ?
La MSP se trouve dans le même secteur que le cabinet où j’exerçais jusque-là, à un kilomètre. Je pense qu’une large majorité de mes patients vont souhaiter me suivre. Donc j’ai une grosse pression dès le début. J’ai ouvert les créneaux 15 jours en avance, et ça se remplit déjà bien. J’ai une patientèle de 860 patients, j’arrive à saturation ! Mes nouveaux collègues eux, partent de zéro, puisqu’ils étaient remplaçants. Ils n’ont pas de patients médecin traitant, ils vont être amenés à en accepter beaucoup et rapidement, et donc c’est bien s’ils ont déjà les coordonnées de certains dans Doctolib et dans le logiciel métier.
À l’heure où nous nous parlons, vous êtes dans la dernière ligne droite avant l’ouverture de la MSP...
Nous ouvrons le 9 novembre ! J’ai pris deux semaines de repos le temps de faire la transition, d’effectuer le changement de cabinet, j’ai déjà une grosse pression ! Nous n’aurons pas forcément tout le matériel, tout le mobilier. Mais désormais, la date d’ouverture est arrêtée. La semaine avant l’ouverture, nous allons commencer par faire une ou deux journées tests avec de premiers patients. Les miens sont déjà au rendez-vous !