Chirurgienne thoracique et cardiovasculaire, le Dr Bauer ne s’est jamais mis de limites dans sa carrière professionnelle. Entretien avec la première femme élue présidente du Syndicat des Médecins Libéraux, à l’occasion du 8 mars, journée de lutte pour les droits des femmes.
Comment encourager les femmes qui le souhaitent à devenir professionnelles de santé ?
La présence de rôles modèles et les discours tenus, notamment au sein de la famille, comptent beaucoup. J’ai eu la chance de bénéficier d’une éducation où il était clair que tout était possible. Je n’ai jamais entendu “Ça n’est pas possible, car tu es une femme”. Ma grand-mère notamment, dont les initiales “MLF” ne s’inventent pas, a été très soutenante pendant mes études de médecine.
Je me souviens aussi avoir reçu une médaille du département de la Seine-et-Marne car j’exerçais soit disant un métier d’homme. J’ai répondu “Le seul métier masculin, c’est drag queen”. Cela m’a valu de figurer dans le journal local.
Vous n’avez pas d’enfant ; pour autant, vous avez mené le combat du droit au congé maternité pour toutes les femmes médecins libérales. Comment l’avez-vous gagné ?
J’ai posé très tôt le choix personnel de ne pas avoir d’enfants, car cela ne fait pas partie de mes projets de vie. Cela n’empêche qu’il me tenait à cœur que les femmes médecins libérales désireuses d’avoir des enfants puissent le faire, sans que cela ne compromette leur carrière. C’était très compliqué, elles accouchaient quasiment dans leur cabinet et revenaient dès le lendemain !
À l’époque, les négociations n’avançaient pas. Je me suis demandé comment les femmes salariées avaient, historiquement, gagné ce combat. J’ai découvert qu’elles s’étaient fondées sur le constat qu’il y avait davantage d’accouchements prématurés dans leur catégorie socioprofessionnelle, et qu’ils pesaient sur le budget de la sécurité sociale. J’ai mené l’enquête auprès de 100 femmes médecins libérales tirées au sort. Résultat : 30 % d’accouchements prématurés. C’est comme cela que nous avons obtenu ce droit.
Un conseil pour les femmes en santé ?
Ne vous mettez aucun frein professionnel : médecin est un métier que l’on choisit librement, sans tabou. Une femme peut aussi bien réparer une voiture qu’être professionnelle de santé.
Pensez à intégrer des plateformes de mentorat, comme “Adopte un doc” proposé par l’URPS Île-de-France. Rappelez-vous aussi que l’exercice libéral offre davantage d’opportunités que le salariat, et garantit une indépendance financière précieuse.